SITE: FLAMME DE PLOMB PAUVRE COMME UN VERRE D'EAUANNA AKHMATOVA
Ce n'est pas dans l'asphalte où tombent les feuilles
Que tu devras longtemps m'attendre.
C'est dans un adagio de Vivaldi.
Que nous nous retrouverons.
(Visite nocturne, traduction Jean-louis Backès)
LORCA La nuit et son impossibilité d’être la nuit entière, la nuit des ruelles étroites où la fuite dans l’irréel passe autour des chevilles d’or d’Almeria. La nuit improbable avec ses mauvais génies, ses lampes appauvries, ses blessures incessantes, ses noms vertigineux, Almeria que tu rendis si belle qu’un cœur se dessina sur les murs de Valderrubio. Des bleus sur un gris de ciel, le rouge ouvert sur des paroles d’abîme, des jardins sur la pierre jaune des fontaines, une mer proche et lointaine, une mer sans paupières, sabre à l’écoute du soleil, la nuit monte sur Almeria. La blanche Almeria...
Que ce nom qui s’éloigne, que ce nom paresse sur les hauteurs. Hauteurs de nos sources, de nos lacs, où viennent boire les étrangères. Qu’elles prennent dans notre corps le tumulte d’une terre ancienne qui rougeoie toujours dans le silence craquelé des feux. Que ce nom s’éloigne au galop de la dépossession, sur les mains de colombes par un pourpre après-midi, sur le bec de l’homme où se ride l’écorce des lisières. Que ce nom qui perdure dans l’éclair nous laisse encore vivre dans l’encre du futur, par-delà les sillons des rivières, pour une emprise encore rétive où tout s’écoule sur le visage des...