UNE EAU SCULPTÉE
UNE EAU SCULPTÉE
Il est possible que l’on soit englouti par son propre regard.
Du pont il ne restait que deux piliers mais l’on se sentait natalement proche du fleuve comme épris du corps futur de ses arches.
Les quatre lions, les quatre longues péniches ; il n’y a pas si longtemps puisque des yeux savent encore le décrire ; le geste majestueux du Rhône.
Pause sur le chemin des remparts, c’est si lointain que l’on touche le frémissement des hommes ; c’est un éternel lorsque l’on croise le signe immédiat de la pierre.
Vent sur la peau du fleuve, vent qui se métamorphose et transfigure le courant ; eau ardoise comme un soleil de Van Gogh, c’est un souffleur de verre où le cristal joue sa partition dans l’ébloui du ciel.
Les places sont l’histoire du monde, mon enfance s’y cache dans un linge blanc et l’échappatoire des rues ; brin de thym ou brassée d’olivier, la vie est une étoile, c’est toi qui me l’assures, amour et romanité, je crois surprendre l’existence de la nuit.
C’est un fleuve propice, la lumière aux folles aiguilles y revient souvent ; viens, approche ton visage, il y a le thyrse et bien d’autres mémoires encore ; c’est une eau sculptée.