ANNA AKHMATOVA
Ce n'est pas dans l'asphalte où tombent les feuilles
Que tu devras longtemps m'attendre.
C'est dans un adagio de Vivaldi.
Que nous nous retrouverons.
(Visite nocturne, traduction Jean-louis Backès)
Ce vert échancré, ce blanc d’effondrement, le ciel et son regard absent, aux oiseaux, l’arbre et ses guitares rouges à vivre. La mer, un souvenir, la nacre sous ton pas qui résiste, qui endure pour ne pas mourir, le geste de ta nuque, la forêt se repeuple, chasseurs désavoués pourrissant au large, revenues, la mésange, l’étincelle, la source.
Patrick Tafani - Droits réservés.
Si fugitive ma mémoire qui alerte les sources, les rivières, les grands fleuves, la mer ; si fugitif le contour aisé de l’heure immobile, de l’heure stupéfaite, du regard soudainement ouvert ; si fugitive la rencontre primordiale, l’un se détournant, l’autre te dédaignant, l’éclair comprenant déjà sa méprise éternelle ; si fugitive l’impression de force et de raison, lorsque le cœur s’ouvre, se fend, explore le monde, rend la splendeur à ceux qui sont tombés.
Patrick Tafani - Droits réservés. Louanges de l'éconduit.
Quelques traces éparpillées dans une mémoire d’écolier, des écritoires d’or aux feuilles d’ébène, un long couloir, appeleur d’oiseaux de juillet où le froid creuse et souligne l’écharpe de la lune. Jusqu’au sang, l’ennui céleste des pierres proche des battements de cœur, des regards soudains osant s’aventurer plus loin lorsque vous apparaissiez nues aux fenêtres de Midi, un soleil d’Orient ricochant du fond des mers, là où tout se perd, s’éparpille à nouveau sur une mémoire hésitante, qui importe peu, au rêve de l’écolier.
Droits réservés. PATRICK TAFANI - D'INVISIBLES TRAVERSÉES -
reproduction interdite. Droits réservés.
Un ciel de pierre pour une terre de nuages. Je laisse le feu et longe l’accalmie du soleil, l’étrange cruauté de la main qui remet son gant.
Reproduction interdite. Droits réservés
Au plus loin : la naissance du feu, les immenses forêts, la première neige, le grand souffle sauvage, l’invisible de l’homme, sa trace sur la pierre, l’eau et le vif du ciel, le chaudron de couleurs, le glyphe au-dessus de la lune, l’indigence du miroir brisé, le visage magique passant dans la brume.
Patrick Tafani - Droits réservés - Textes et Photographies -
Avec du ciel et de la lumière l’arbre se crée. Qu’attends-tu pour y laisser vivre dans une poignée de terre ton rêve ?
Patrick Tafani - Textes et Photographies - Droits réservés.
Supertramp - Don't Leave Me Now
J'obéis. Je retourne au pied du frêne d'autrefois. Je salue le large fût, la couronne de feuilles légères et de mésanges. Une fois encore, je caresse doucement l'écorce aux profondes gerçures, toute tigrée de mousse et de lichens. Et j'épie en vain pendant des heures sur la colonne qui se veut plus insensible que la mort l'apparition miséricordieuse d'un signe, d'un souvenir, du reflet d'un reflet, une touche de soleil un peu trop vive, la tache d'or que l'ombre n'abolirait plus. Gustave Roud, Requiem.
Droits réservés - Patrick Tafani
Piano Relaxation Music Masters - Brahms - Hungarian Dances
De toute évidence, vivre c'est s'effondrer progressivement. Les coups qui vous démolissent le plus spectaculairement, les grands coups soudains qui viennent - ou semblent venir - de l'extérieur, ceux dont on se souvient, ceux qu'on rend responsables de tout et dont on parle à ses amis dans les moments de faiblesse, ceux-là tout d'abord ne laissent pas de trace. Mais il existe un autre genre de coup, celui-ci venu de l'intérieur, et dont on s'aperçoit trop tard pour y remédier. Irrévocablement s'empare alors de vous la révélation que jamais plus vous ne serez celui que vous avez été. F. S. FITZGERALD...